Les conflits armés et les missions de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique

Un Casque bleu de la Mission onusienne de maintien de la paix au Mali (MINUSMA) à Ogossagou, Cercle de Bankass, région de Mopti – Mali, Février 2019 (Photo : Daniel Massamba Meboya) La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ont-elles manqué à leur mandat fondamental de protéger les civils ? Trois principes de base continuent de définir l’activité de maintien de la paix des Nations Unies comme un outil spécifique du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ces principes se renforcent mutuellement : consentement des parties, impartialité et non-recours à la force sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat. Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies se déploient avec le consentement des principales parties au conflit. En principe, cela implique l’adhésion des parties à un processus politique. L’accord des principales parties permet aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies d’avoir la liberté d’action politique et physique dont elles ont besoin pour accomplir les fonctions prévues par leur mandat. C’est avant tout aux autorités maliennes qu’il incombe d’assurer la stabilité et la sécurité sur l’ensemble du territoire malien La résolution 2227 (2015) adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies à sa 7474e séance, le 29 juin 2015, le Conseil de sécurité, rappelant ses résolutions antérieures, en particulier les résolutions 2164 (2014) et 2100 (2013), les déclarations de son président en date des 6 février 2015 (S/PRST/2015/5), 28 juillet 2014 (S/PRST/2014/15) et 23 janvier 2014 (S/PRST/2014/2), et ses déclarations à la presse en date des 18 juin, 29 mai, 1er mai et 10 avril 2015, réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali, insistant sur le fait que c’est avant tout aux autorités maliennes qu’il incombe d’assurer la stabilité et la sécurité sur l’ensemble du territoire malien, et soulignant qu’il importe que le pays prenne en main les initiatives en faveur de la paix et de la sécurité…
Une mère non identifiée et son fils quittant le village de Peh, cercle de Bankass, région de Mopti-Mali, après que les assaillants aient tué les autres membres de la famille, Novembre 2019 (Photo : Daniel Massamba Meboya) Ogossagou ne cesse de compter ses morts…
Depuis mars 2018 à ce jour, les conflits intercommunautaires opposant des miliciens dogon et peuls ont déjà entraîné la mort de près de 600 personnes au centre du Mali. Le 23 mars 2019, une nouvelle attaque contre le village d’Ogossagou en était de trop. Ainsi, le 24 mars, le gouvernement du Mali, dirigé par le premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, tient un conseil des ministres extraordinaire à laquelle assista l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta. Le Conseil des ministres décida à l'unanimité de démettre huit hauts gradés de l'armée malienne, dont le chef d'état-major général des armées, le général M’Bemba Moussa Keïta et le chef d’état-major de l’armée de terre, le colonel major Abderrahmane Baby. Un décret est également publié ordonnant la dissolution de la milice Dan Na Ambassagou. Cependant Dan na Amassagou annonce qu'il refuse la dissolution de son mouvement. Youssouf Toloba déclare : « Le gouvernement ne peut pas dissoudre Dan Na Ambassagou parce que ce n’est pas lui qui l’a créé. J’ai créé Dan Na Ambassagou parce qu’il y avait des attaques dans le pays dogon, où le gouvernement est absent. Le 18 avril, Soumeylou Boubèye Maïga démissionne avec son gouvernement. Le 14 février 2020, pour la deuxième fois en un an, le village d'Ogossagou est attaqué faisant plus de 37 morts et causant des destructions considérables. Situé dans le cercle de Bankass dans la région de Mopti, Ogossagou a un quartier peul d'un côté et dogon de l'autre, séparés par une mosquée et une route. Le nouveau premier ministre malien et ministre de l’économie sous l’ancien gouvernement, l’économiste Boubou Cissé visite Ogossagou le 3 novembre 2020. Les habitants d’Ogossagou réservent un accueil ‘froid’ à Boubou Cissé et sa délégation. « Pourquoi avoir ordonné le départ du détachement des éléments de la force malienne qui était stationné ici à Ogossagou après une attaque ayant provoqué la mort de plus de 130 personnes ? » lança un sage du village alors qu’il fixait froidement Boubou Cissé. « Nous n’avons pas de choix que d’aller vers la paix, la cohésion sociale et nationale, et le vivre ensemble », avait déclaré le Premier Ministre après avoir écouté les témoignages des habitants d’Ogossagou dont la récente attaque a entraîné des morts et fait de nombreux blessés. La MINUSMA a apporté un appui considérable au renforcement des capacités des éléments des Forces armées maliennes C’est avant tout aux autorités maliennes qu’il incombe d’assurer la stabilité et la sécurité sur l’ensemble du territoire malien et même le personnel tant militaire que civil de la Mission onusienne de la paix des Nations Unies travaillant au Mali était sous la protection de l’Etat malien. Le renforcement des capacités des Forces de défense et de sécurité nationale et la réhabilitation de toutes ses infrastructures de sécurité détruites ces dernières années lors de l’occupation du nord par les groupes armés et terroristes constituaient un impératif afin de permettre à l’Etat malien d’assurer la sécurité sur l’ensemble de son territoire. Pendant dix ans, la MINUSMA n’a ménagé aucun effort pour mettre en œuvre ces différentes dispositions prévues dans la résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Les Casques bleus de la MINUSMA dans la ville de Badiangara, région de Mopti – Janvier 2020 (Photo : Daniel Massamba Meboya) Le gouvernement du Mali demande le retrait sans délai de la MINUSMA du Mali Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, a déclaré en juin 2023 au Conseil de Sécurité des Nations Unies que la MINUSMA n’a pas atteint ses objectifs. Mais de quels objectifs parlent-ils ? Le gouvernement malien n’apprécie pas que la Mission onusienne de maintien de la paix dénonce des violations flagrantes des droits de l’homme et des infractions graves commises par certains éléments de ses propres forces armées et de ses supplétifs russes en action depuis quelques temps dans les régions du central et celle du nord du Mali. La mission de la MINUSMA a été un succès au regard du mandat qu’elle a reçu du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’Organisation des Nations Unies, cette grande organisation mondiale à laquelle fait partie toutes les nations du monde inclus le Mali, déploie de grands efforts pour la planification et la conduite d’Opérations de maintien de la paix qui exigent une action intégrée regroupant les fonctions politiques, militaires civiles et d’appui aux mussions, ainsi que d’autres éléments (politique, fonctions judiciaires et correctionnelles, désarmement, démobilisation et réintégration selon les besoins).
La MINUSMA renforce les capacités des Forces de Défense et de Sécurité maliennes en maintien de l’ordre public, Mopti-Mali, Décembre 2019 (Photo : Daniel Massamba Meboya) Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ne sont pas un outil d’imposition de la paix. Il est toutefois largement reconnu qu’elles peuvent utiliser la force au niveau tactique, avec l’autorisation du Conseil de sécurité, pour se défendre ou défendre leur mandat. Plusieurs opérations de maintien de la paix des Nations Unies déployées dans un environnement hostile ont reçu un mandat « robuste » du Conseil de sécurité les autorisant à « employer tous les moyens nécessaires » pour prévenir toute tentative de troubler le processus politique, pour protéger les civils en cas de menace imminente d’atteinte à l’intégrité physique des personnes ou pour aider les autorités nationales à maintenir l’ordre public. Il ne faut cependant jamais confondre le maintien de la paix robuste avec l’imposition de la paix, telle qu’elle est définie au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, bien que sur le terrain il puisse y avoir des similitudes entre les deux. Le maintien de la paix robuste implique l’emploi de la force au niveau tactique avec l’autorisation du Conseil de sécurité et le consentement du pays hôte ou des principales parties au conflit. En revanche, leur consentement n’est pas une exigence pour l’imposition de la paix qui peut impliquer l’emploi de la force armée au niveau stratégique ou international, ce qui est généralement interdit aux États Membres par l’article 2 (4) de la Charte des Nations Unies, sauf si cela est autorisé par le Conseil de sécurité. La paix se construit et commence à l’intérieur de chaque foyer, elle doit être présente dans nos cœurs et viser le respect de la vie.

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