Mohamed El-Amine Souef, chef de bureau de la MINUSMA, parle de l'opérationnalisation du MOC et de l'accompagnement de la MINUSMA

 
Gao, le vendredi 10 mars 2017 - M. Mohamed El-Amine Souef, chef de la MINUSMA à Gao, a accordé une interview à la Radio Naata - 91.7 MHz sur l’opérationnalisation du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) et l’accompagnement de la MINUSMA après l’incident survenu le 18 janvier 2017.  Cette interview a été réalisée successivement par M. Ousmane Touré, directeur de la radio Naata, et Daniel Massamba Meboya du Bureau de la Communication et de l'Information Publique à la MINUSMA.
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L’opérationnalisation du Mécanisme Opérationnel de Coordination, en sigle MOC et les progrès réalisés à ce jour
Le MOC est une structure qui est prévue dans le cadre des accords de paix en vue de contribuer à la sécurisation de la ville et de la région.  Comme le nom l’indique, c’est le Mécanisme Opérationnel de Coordination.
 
Ce mécanisme comprend entre autres des éléments de la Plateforme, de la CMA et de FAMa, c’est-à-dire des représentants des parties signataires des accords d’Alger pour sécuriser la ville ici à Gao et la région.  Cela va de pair dans d’autres régions que ça soit à Kidal ou à Tombouctou.
 
 
Comme vous le savez déjà, il y a beaucoup d’efforts qui ont été fait pour que cela devienne une réalité aujourd’hui à Gao et on peut s’enorgueillir.
 
 
Au niveau de Gao, il y a une certaine compréhension, il y a eu un certain accompagnement de la part des autorités, mais aussi et surtout de la population qui a accueillie à bras ouvert ce processus.

Dans un premier temps, comme cela a été décidé par les autorités et les parrains des accords, il fallait 200 éléments de FAMa, 200 de la Plateforme et 200 de la CMA, en tout cas en ce qui concerne la région de Gao.

C’est un exercice qui était un peu difficile.  Les éléments de FAMa se sont présentés et s’étaient fait enregistrer.  La Plateforme qui a en quelque sorte son fief ici, s’est présentée et on a enregistré ses éléments, et il a fallu faire venir les éléments de la CMA de Kidal et de Tombouctou.  Mais l’environnement en ville n’était pas tout à fait propice.  Et ces éléments ne pouvaient pas entrer dans Gao, parce qu’il y avait des éléments des différents groupes armés qui n’étaient pas hostiles à l’arrivée des combattants de la CMA, mais qui voulaient eux aussi être enregistrés au même titre que les éléments de la CMA et ceux de la Plateforme.

C’est un processus qui est évolutif et progressif.  Nous avons essayé de faire comprendre à ces gens-là que leurs doléances ont été prises en compte par les autorités maliennes, mais qu’il y a une procédure à suivre.  Il fallait se retirer et attendre.

Nous avons bénéficié de l’appui des différentes structures de la société, notamment de la société civile, des religieux, des mouvements des jeunes, mais aussi des autorités de Gao.  Et c’est devenu une réalité.  Ces éléments qui étaient un peu partout armés s’étaient retirés et cela a permis à nos frères de la CMA de rentrer dans Gao.  Ils étaient enregistrés au même titre que les autres.

Malheureusement le 18 janvier 2017, ce qui devrait arriver, arriva.  On se pose beaucoup de questions jusqu’au jour d’aujourd’hui, parce que de par le passé, ce sont les forces onusienne, Barkhane et FAMa qui étaient visées.  Mais aujourd’hui, aller attaquer le MOC, aller attaquer les FAMa, la Plateforme, la CMA, tous signataires des accords, on s’est dit qu’il y a donc des mains invisibles un peu partout.  Les ennemis du processus de paix, mais nous nous sommes dit que ça nous donne le courage d’aller de l’avant et que nos frères de la Plateforme, nos frères de la CMA se sont exprimés dans ce sens, et que ceux qui croyaient qu’ils avaient tué le MOC et ceux qui croyaient que le MOC était par terre, ils se sont trompés.  Le MOC est debout.  Ses éléments ont fait une très belle démonstration depuis le jeudi 23 février quand ils ont lancé officiellement les patrouilles mixtes.

Aujourd’hui Gao est considéré comme une sorte de laboratoire par rapport à la mise en œuvre des accords.  Nous avons réussi à amener des gens qui sont venus de Tombouctou, de Kidal participés dans le MOC.  Ceci renforce la cohésion sociale.  Et puis, les patrouilles mixtes sont devenues une réalité suivies par l’installation des autorités intérimaires ici à Gao.

Je crois que nous avons pris une certaine longueur d’avance dans la mise en œuvre des accords par rapport à d’autres régions.

Le MOC pour la sécurisation de la ville de Gao, de toute la région et des sites de cantonment
 
 
Le MOC va certainement beaucoup contribuer à la sécurisation de la ville, de la région et des sites de cantonnement.  Ces sites sont presque finis.  Nous avons eu l’occasion il y a trois jours de visiter un des sites, même si c’est à Tinfadimata dans la région de Ménaka, mais c’est sous la responsabilité du bureau de la MINUSMA ici à Gao.
 
 
Le 21 ou le 22 de ce mois, le site de Tabankort sera officiellement remis aux autorités, tandis que le site de Fafa a déjà été remis aux mêmes autorités et leur sécurisation incombe au MOC.  Et on a les patrouilles mixtes qui se font, et quand on a cantonné les ex-combattants, on les sécurise et puis on facilite leur insertion dans une vie normale.  Je crois que là les différentes régions seront sécurisées et la vie normale va commencer, parce que tant qu’il n’y a pas la paix, tant qu’il n’y a pas la sécurité et la quiétude, il n’y aura jamais de développement.  Ce sont des jalons, des facteurs important qui mènent au développement.
 
 
L’accompagnement de la MINUSMA par rapport à la bonne marche du MOC

La MINUSMA est un parrain par rapport à d’autres parrains du processus.  Nous accompagnons les différentes composantes de la société ici.  Que ça soit la société civile, les chefs traditionnels, les chefs civils, mais aussi les autorités au niveau de Gao.  Donc, le MOC ne peut pas être en dehors de cette dynamique.

Dès le premier jour, nous avons contribué à l’enregistrement, ensuite à la formation et enfin à l’aménagement du site du MOC.  Les travaux ont été réalisés par la MINUSMA pour que le site soit acceptable.

Après l’incident du 18 janvier 2017, nous avons beaucoup réfléchi ensemble avec les autorités et avons renforcé le dispositif sécuritaire aussi bien sur le plan logistique que sur le plan humain.

Ces formations qui sont assurées par nos éléments de la Police/UNPOL, de la Division des Droits de l’Homme et de la Protection, et de la Section SSR-DDR continuent, notamment en ce qui concerne le droit international humanitaire et la conduite des patrouilles.

Le dernier atelier qui a eu lieu du 5 au 7 mars dernier s’est tenu dans l’enceinte même de la MINUSMA.  C’est un atelier qui a été animé par le Centre pour un Dialogue Humanitaire (CDH) qui est un partenaire en charge justement de la vulgarisation des accords.  Cette organisation travaille aussi pour faire comprendre le contenu de ces accords aux éléments du MOC.  C’était un grand succès et il y a eu beaucoup d’appréciation de la part du MOC.

Après l’incident du 18 janvier 2017…

Le moral est au beau fixe.  Quand nous sommes allés aux funérailles des gens qui ont péri suite à cet incident, le message était clair.  Ould Sidati qui représente la CMA et Me Harouna Toureh de la Plateforme ont tous deux pris la parole.  Les deux responsables ont beaucoup insisté sur la suite à donner.  C’est un message qui a été envoyé à ceux qui veulent la paix.  Donc, nous avons saisi le message et nous irons de l’avant.

Deux ou trois semaines après l’incident, nous avons réhabilité le MOC et puis les exercices par rapport aux patrouilles mixtes ont commencé, et le vendredi 17 février 2017 il y a eu un exercice de restitution de la formation et puis le jeudi 23 février 2017 les patrouilles mixtes ont commencé.

Donc, les éléments du MOC sont très enthousiastes, très animés, très volontaristes pour aller de l’avant.  Et le plus important aussi c’est qu’ils ont l’accompagnement et l’appui de la population, parce que ce n’est pas les patrouilles mixtes, ce n’est pas resté dans des véhicules.  Nous sommes allés en ville et les éléments du MOC sont descendus, ils sont allés vers le marché et ont sillonné la ville.  On pouvait lire et voir l’euphorie de la population qui était là pour les accueillir et les soutenir.
 




 

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