Les évacuations médicales de la MINUSMA
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Le mardi
26 mai 2015
Avant de quitter Gao mardi 26 mai pour rentrer sur Bamako, l’équipe
médicale de la MINUSMA nous a accordé une interview pour expliquer le
bien-fondé de sa mission. L’équipe a rencontré dimanche 24 mai le Gouverneur de
la région de Gao, M. Oumar Baba Sidibé. Les échanges étaient focalisés sur
l’évacuation des combattants vers l’Hôpital de Gao et la réaction de la
population de Gao autour de cette question.
Quel coût pour une évacuation ?
Une évacuation médicale est extrêmement chère. Elle implique toute une chaîne logistique et sécuritaire. Les personnes blessées peuvent être évacuées à l’intérieur du Mali, mais aussi à l’étranger suivant leur état et les soins nécessaires.
Les parties à un conflit armé doivent en tout temps faire la distinction entre la population civile et les combattants afin d’épargner la population civile et les biens de caractère civil. Des précautions utiles seront prises à cet effet avant qu’une attaque soit lancée.
L’équipe médicale de la MINUSMA a été reçue au Gouvernorat le lundi 25 mai.
Au cours de la rencontre qu’elle a eu avec le Ministre malien de
l’administration territoriale et de la décentralisation en visite à Gao,
l’équipe a souligné l’attachement de la MINUSMA aux règles humanitaires
internationales visant la protection des victimes pendant le conflit.
Quel était l’objectif de votre mission à Gao ?
La MINUSMA a vu accroître les deux dernières semaines des demandes pour
supporter l’évacuation des victimes du conflit au nord du Mali. Cette situation
est très préoccupante. Dans sa section médicale et dans son intégralité, la
MINUSMA assure la liaison avec les partenaires de santé gouvernementaux, mais
aussi avec les organismes non-gouvernementaux ainsi que la Croix Rouge
Internationale pour favoriser l’évacuation de ces blessés vers les structures
médicales appropriées.
Parlons des évacuations médicales. La population de Gao s’inquiète de la
présence de blessés dans un des centres hospitaliers de la place.
Quelle est votre réaction à ce sujet ?
La MINUSMA tient à marquer son attachement aux règles humanitaires
internationales, au respect de ses règles et dans le respect du mandat dont
nous avons la charge au Mali. Il est donc très important de nous déployer au
plus près des acteurs de santé gouvernementaux, auprès des hôpitaux et des
services de santé maliens et aussi auprès de la Croix Rouge Internationale.
Nous avons aussi rencontré nos partenaires de santé la Force BARKHANE pour
pouvoir assurer cette chaîne de survie pour tous les blessés de ce conflit.
Votre équipe a rencontré le Gouverneur de la région de Gao et le Ministre
en charge de l’administration territoriale et de la décentralisation.
Qu’avez-vous échangé ?
Il y a eu une incompréhension de la part de la population. On peut
comprendre son émoi sur la centralisation de l’évacuation de tous ces blessés,
quelle que soit leur appartenance. Nous avons demandé aux autorités maliennes
d’assurer la protection de ces blessés ainsi que la protection de ses hôpitaux
et celle de l’antenne chirurgicale de la Croix Rouge Internationale pour
pouvoir acheminer en toute neutralité et impartialité l’évacuation des
victimes.
La MINUSMA a déployé une équipe médicale d’avance dans la région.
Pouvons-nous en savoir plus ?
La structure médicale de la MINUSMA est une structure intégrée composée de
civils et de militaires. Ici, nous travaillons ensemble avec le Force Medical
Officer et le Chief Medical Officer au plus proche de nos troupes, de nos
civils et de nos policiers qui assurent le mandat de notre Mission. Il est bien
sûr important de rappeler que la MINUSMA a actuellement dû faire face à un
nombre très important de victimes parmi son personnel avec 56 décès au total et
toutes causes confondues (attaques, mines, accidents, maladies…), et environ
200 blessés de guerre.
En ce qui concerne cette opération de support aux victimes, c’est une
charge que nous remplissons en vertu de notre mandat. Nos collègues médicaux
des hôpitaux à Ménaka, Kidal et ici à Gao sont totalement impliqués dans cette
charge additionnelle qui nous est imposée par le conflit. Nous respectons notre
mandat en offrant la protection aux civils et aux victimes de guerre, en
partenariat avec toutes les structures médicales en présence et en bonne
liaison avec les autorités gouvernementales.
Le mot de la fin ?
La paix sera bien sûr la solution. Il n’est nullement question de faire la
guerre au sein d’une structure hospitalière. Il est très important, essentiel
et critique d’apporter un secours à toutes ces victimes et en toute
impartialité. Nous demandons au gouvernement d’assurer la protection de toutes
les victimes qu’elles soient maliennes ou internationales, venues apporter leur
contribution au processus de paix au Mali.
EN SAVOIR PLUS:
Quel coût pour une évacuation ?
Une évacuation médicale est extrêmement chère. Elle implique toute une chaîne logistique et sécuritaire. Les personnes blessées peuvent être évacuées à l’intérieur du Mali, mais aussi à l’étranger suivant leur état et les soins nécessaires.
Le coût d’une telle évacuation, hors frais médicaux (chirurgiens, personnel
médical) peut atteindre jusqu’à 60 000 USD (environ 35 millions de francs CFA). Suivant les blessures, une équipe de 2 à 6 médecins peut être mobilisée.
Que dit le droit ?
« Les conflits armés sont aussi vieux que l’humanité. Il y a toujours eu
des pratiques coutumières dans les situations de guerre, mais ce n’est que ces
150 dernières années que les États ont établi des règles internationales visant
à limiter les effets des conflits armés pour des raisons humanitaires. Les Conventions
de Genève et les Conventions de La Haye en sont les principaux exemples. Ces
règles, généralement appelées « droit international humanitaire », sont aussi
connues sous le nom de « droit de la guerre » ou « droit des conflits armés ».
Respecter et faire respecter le droit
Le droit international humanitaire fait partie du doit international, qui
régit les relations entre États. Il vise à limiter les effets des conflits
armés pour des raisons humanitaires, à protéger les personnes qui ne
participent pas, ou plus, aux hostilités, les malades et les blessés, les
prisonniers et les civils, et à définir les droits et les obligations des
parties à un conflit dans la conduite des hostilités.
Comme il s’agit de droit, le droit humanitaire impose des obligations aux
parties engagées dans un conflit armé. Celles-ci ne doivent pas seulement
respecter le droit, elles ont aussi l’obligation de le faire respecter. Fermer
les yeux n’est pas une attitude acceptable.
Les règles fondamentales
La base est toujours formée par les Conventions de Genève et leurs
Protocoles additionnels, qui contiennent des obligations juridiques claires et
consacrent des principes humanitaires fondamentaux.
Les soldats qui ont déposé les armes ou qui sont hors de combat ont droit
au respect de leur vie et de leur intégrité morale et physique. Il est interdit
de les tuer ou de les blesser.
Toute partie à un conflit armé doit recueillir et soigner les blessés et les malades qui se trouvent sous son autorité. La protection couvre également le personnel, les établissements, les transports et l’équipement sanitaires. L’emblème de la croix rouge, du croissant rouge ou du cristal rouge est le signe de cette protection et doit être respecté.
Toute partie à un conflit armé doit recueillir et soigner les blessés et les malades qui se trouvent sous son autorité. La protection couvre également le personnel, les établissements, les transports et l’équipement sanitaires. L’emblème de la croix rouge, du croissant rouge ou du cristal rouge est le signe de cette protection et doit être respecté.
Les combattants capturés ont droit au respect de leur vie, de leur dignité,
de leurs droits individuels et de leurs convictions. Ils doivent être protégés
contre tout acte de violence ou de représailles. Ils doivent avoir le droit de
correspondre avec leur famille et de recevoir des secours.
Les civils se trouvant au pouvoir d’une partie au conflit ou d’une
puissance occupante dont ils ne sont pas ressortissants ont droit au respect de
leur vie, de leur dignité, de leurs droits individuels et de leurs convictions.
Chacun doit avoir le droit de bénéficier de garanties judiciaires
fondamentales. Personne ne peut être condamné sans jugement préalable prononcé
par un tribunal régulièrement constitué. Nul ne peut être tenu responsable d’un
acte qu’il n’a pas commis. Nul ne peut subir des tortures physiques ou
mentales, des châtiments corporels ou des traitements cruels ou dégradants.
Les parties à un conflit armé et les membres de leurs forces armées n’ont
pas un choix illimité de méthodes et de moyens de guerre. Il est interdit
d’utiliser des armes ou des méthodes de guerre qui risqueraient de causer des
maux superflus.
Les parties à un conflit armé doivent en tout temps faire la distinction entre la population civile et les combattants afin d’épargner la population civile et les biens de caractère civil. Des précautions utiles seront prises à cet effet avant qu’une attaque soit lancée.
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