Région de Gao : Vers un retour total à l’état de droit
La section
Justice et Corrections de la MINUSMA à Gao n’a ménagé aucun effort pour
contribuer au mieux de ses capacités au retour de l’administration
pénitentiaire dans la région suite à la crise de 2012. Les institutions
judiciaires et pénitentiaires de toute la région étaient complètement
détruites, y compris les Maisons d’arrêt et de correction de Bourem et celle de
la ville de Gao. Aujourd’hui,
l’administration pénitentiaire a repris ses activités et les audiences au
niveau du Tribunal se tiennent de manière régulière grâce à la mise en place du
comité de suivi de la chaîne pénale.
A l’intérieur
de la salle d’audience comparait, en langue Sonrai, un jeune d’environ 25 ans,
ce mardi 26 avril 2016. Il est assisté
par un interprète. L’audience correctionnelle est dirigée par un juge et à ses
côtés, un substitut du procureur et une greffière. Après plus de deux heures d’audience, le juge
lève la séance et le public nombreux venu assister au déroulement du procès
quitte la salle.
M. Ousmane
Touré, un étudiant dans un des lycées de la place, a suivi avec beaucoup
d’attention les débats et s’est dit satisfait de la tenue de ladite
session. « Je suis venu ici
uniquement pour voir comment les choses se passent. C’est ma première fois
d’assister à ce genre d’audiences correctionnelles. Enfin, la justice peut être dite à Gao. C’est un très grand pas en avant vers la
réconciliation » a-t-il dit.
« La
reprise régulière des audiences au Tribunal de Grande Instance de Gao a
contribué à la réduction du taux de détention préventive à la Maison d’arrêt et
de correction de Gao » a affirmé le Capitaine Lamissa Berthé, directeur
régional de l’Administration pénitentiaire et de l’Education surveillée. Il salue l’appui de différents partenaires,
dont les Pays-Bas et la MINUSMA qui apportent leur appui au bon fonctionnement
de la seule institution carcérale dans la région. « Nous sommes en train
de profiter de cette collaboration et souhaitons que cela continuera à se
développer davantage à travers la section Justice et Corrections de la
MINUSMA » a conclu le Directeur Régional de l’Administration
Pénitentiaire.
Construite
en 1996, la Maison d’Arrêt et de Correction de Gao compte une centaine de
détenus, dont deux (2) femmes et un (1) mineur. La prison est subdivisée en
trois quartiers : celui abritant des femmes, des mineurs et un autre
destiné aux prévenus. On y trouve aussi
une infirmerie composée d’une salle de consultation, une salle d’observation et
d’une pharmacie qui bénéficie de l’appui de l’Agence nationale d’assistance
maladie. La MINUSMA, à travers son projet à impact rapide, a apporté un appui
logistique et financier à la prison à hauteur de 25 million de FCFA dans le but
de doter l’administration pénitentiaire d’un établissement sécurisé,
respectueux des droits des détenus et
conformes aux standards internationaux.
Ce montant a servi à la construction d’un mur autour de la Maison
d’Arrêt et Correction de Gao et à doter celle-ci de quelques équipements afin
d’améliorer son système de sécurité.
La Maison
d’Arrêt et de Correction de Gao a initié un projet pilote de réinsertion
sociale des détenus après leur libération, qui doit aider à lutter contre la
récidive. La maroquinerie financée
entièrement par le contingent Néerlandais et la coupe-couture sont deux
activités-clés visant à préparer les détenus à la réinsertion sociale. Les détenus fabriquent des porte-clés, porte-monnaie ou porte-documents,
des cartables, des portefeuilles Tamasheq, etc.
M. Hassane
Madigouh, spécialiste des affaires judiciaires, volontaire des Nations unies et
travaillant dans la section Justice et Corrections de la MINUSMA, se rappelle
de ses débuts dans la Mission onusienne dans la région de Gao. « J’étais déployé à Gao en Janvier 2014
pour l’ouverture du bureau de notre section.
Ma première démarche après m’être entretenu avec le chef de bureau
régional de la Mission était de rencontrer les collègues des affaires civiles
et celui des droits de l’homme qui étaient du reste les seuls de la composante
civile sur le terrain afin d’avoir une idée sur la situation sur le terrain et
les acteurs présents. Cette température prise, je me suis attelé à rencontrer
les partenaires qui concourent à l’état de droit, notamment les magistrats, les
agents pénitentiaires, les officiers de police judiciaires et autres acteurs de
la société civile qui concourent au retour de l’Etat ».
« Toute
l’administration judiciaire du Tribunal de Grande Instance de Gao est sur
place » a confirmé M. Moussa Samaké, le président de ladite
institution. Il a enchaîné en disant que
« la MINUSMA n’a cessé de nous assister pour que la justice devienne une
réalité dans notre région ».
M. Emmanuel
Kedja de la MINUSMA, spécialiste des affaires judiciaires, a révélé que la
Mission onusienne est en train de réhabiliter le Tribunal de Grande Instance de
Gao notamment en construisant une salle d’archivage et une salle des scellées. Il est aussi prévu la climatisation de la
salle d’audience. Il a aussi ajouté
qu’un projet est en cours en ce qui concerne la réhabilitation du Tribunal et
de la maison d’arrêt et de Correction de Bourem, afin d’y faire retourner le juge
de paix ; le régisseur de la maison d’arrêt et les détenus qui ont été
délocalisés à Gao suite à la crise qui a secoué les régions du nord en 2012.
A l’instar
d’autres infrastructures étatiques, la maison d’arrêt et de correction de Gao a
été vandalisée par des groupes armés ayant occupé les régions du nord Mali
pendant presque deux années. Dès sa
réouverture en février 2014 après la libération de la région de Gao, diverses
interventions des différents acteurs nationaux et internationaux, notamment la
MINUSMA à travers sa section des affaires judiciaires et pénitentiaires, la
Police onusienne et le CICR ont permis de remettre l’établissement en état de
fonctionner. Seul établissement
pénitentiaire sur les quatre cercles de la région qui fonctionne à la date d’aujourd’hui.
Il reçoit des détenus venant de deux cercles d’Ansongo, et de Bourem.
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