Les contributeurs au Fonds de Consolidation de la Paix reçus dans la Case de la Paix de Gao
Les représentants des
pays contributeurs au Fonds de consolidation de la paix étaient, ce mercredi 4
octobre 2017, dans la Cité des Askia en vue de s’enquérir de l’état d’exécution
et de l’impact des projets financés par le fonds dans la région. L’objectif de
ces projets est de soutenir la participation des femmes et des jeunes dans la
mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation dans le pays. Le
montant global mis à la disposition du Mali s’élève à plus de 16 millions de
dollars américains. La délégation était conduite par Mme Mbaranga Gasarabwé,
Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies au
Mali.
Les
bénéficiaires de trois projets financés dans le cadre de ce fonds ont
chaleureusement accueilli la délégation officielle dans la Case de la Paix à
Gao. Un lieu qui est pour toutes les femmes un espace de rencontre, de
dialogue, de promotion de leurs droits. Un endroit dans lequel peuvent être
lancées les alertes sur les cas de violence et qui permet aux femmes une
meilleure participation à la vie publique et politique. C’est cet espace qui a
servi de cadre de partage d’expériences relatives aux défis rencontrés par les
bénéficiaires pendant les phases d’exécution de ces trois projets. Il s’agit
notamment de l’accès des femmes victimes de violences sexuelles et basées sur
le genre à la justice et à la sécurité dans le processus de consolidation de la
paix au Mali. Mais aussi, à l’appui au renforcement des capacités de résilience
aux conflits des jeunes et des femmes dans les régions de Gao et Tombouctou,
ainsi que le projet d’éducation pour la consolidation de la paix au Nord du
Mali.
«
Je remercie les pays partenaires qui ont mis à la disposition de notre pays ce
fonds, » a
déclaré M. Sidiki Koïta, Directeur adjoint à la Direction des organisations
internationales et représentant du Ministre malien des Affaires étrangères et
de la Coopération internationale. Lui aussi était membre de cette forte
délégation conduite par Mme Mbaranga Gasarabwe, Représentante spéciale adjointe
du Secrétaire général des Nations Unies, Coordinatrice humanitaire et
Coordinatrice résidente du système des Nations Unies au Mali.
À
la Case de la Paix de Gao, située dans l’enceinte de la Direction Régionale de
la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, étaient rassemblés les
femmes et les jeunes bénéficiaires desdits projets. Ils ont parlé de leur
impact positif direct sur le processus de paix en cours, la cohésion sociale et
l’éducation. Mme Saouda Dicko, presidente de la Case de la Paix de la Commune
de Soni Ali Ber, dans la Région de Gao, s’est dite satisfaite quant à l’appui
que les femmes de sa commune ont bénéficié, pour la consolidation du processus
de réconciliation et la promotion de la paix et de la cohésion sociale entre
les différentes communautés. « Nous, femmes des différentes communautés,
nous nous rencontrons régulièrement dans cet espace dans le but d’échanger des
idées et d’encourager la mise en commun de l’information sur les questions
liées à la cohésion sociale et au vivre ensemble, » a-t-elle dit avant de
conclure : « Certains efforts de réconciliation ont une dynamique totalement
différente lorsque des femmes participent au processus de paix ».
L’échange
a également porté sur la jeunesse et la drogue, l’immigration clandestine et
une éventuelle implication des jeunes filles dans cette affaire. Les nombreux
cas de viols perpétrés par des "coupeurs de route" (bandits armés)
sur l’axe Gao-Gossi, suite à la détérioration de la route nationale 17, ont
aussi été abordés. « Nous souffrons en silence en tant que femmes et mères,
de voir nos filles être violées. C’est désolant et humiliant ! C’est contre nos
valeurs culturelles ! » Ainsi s’est indignée Mme Diaharra Kanté,
vice-présidente de la Case de la Paix de la ville de Gao. Ce cri du cœur n’a
pas laissé la Représentante spéciale adjointe de la MINUSMA indifférente. Elle
a mis cette rencontre à profit pour dénoncer la recrudescence des cas de viols.
Elle a ensuite plaidé pour la prise en charge psychologique des victimes.
Composée
des représentants de pays contributeurs, notamment la Belgique, le Canada, la
Colombie, le Danemark, le Royaume de Norvège, les Pays-Bas et le Royaume-Uni,
la délégation a écouté avec attention et pendant plusieurs heures les
différents témoignages et réalisations des femmes, des jeunes mais aussi des
plus jeunes appelés "Les Ambassadeurs pour la Paix 2017". Ces
derniers font le plaidoyer, porte-à-porte, pour persuader les parents d’envoyer
leurs enfants à l’école. Ils bénéficient de l’encadrement de l’UNICEF au titre
du projet d’éducation pour la consolidation de la paix au Nord du Mali. M.
Mahamane Badou Touré, de cette agence des Nations unies, a informé la
délégation de l’utilisation de 12 radios communautaires de la région pour la
transmission des messages clairs et cohérents aux parents afin qu’ils
scolarisent leurs enfants.
Le
représentant du Ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération
internationale, M. Sidiki Koïta, a également exprimé sa satisfaction quant à la
bonne utilisation des fonds de consolidation de la paix et aux résultats
atteints. « Nous désirons remercier, une fois de plus, nos partenaires qui
continuent à soutenir la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la
Réconciliation issu du processus d’Alger. Ils interviennent dans les secteurs
qui sont essentiels pour le gouvernement à savoir : l’éducation, la résilience
des femmes et des jeunes aux conflits, la participation des femmes dans la mise
en œuvre de l’Accord de Paix, etc. »
«
Il est nécessaire d’appuyer les efforts du gouvernement pour que la nation malienne
s’unisse et se consolide, »
a rappelé Mme Mbaranga Gasarabwé, en mettant aussi un accent sur la bonne
gouvernance, la gouvernance locale, la cohésion sociale au niveau des
communautés pour dit-elle : « réussir ce pari ».
M.
Ole Andreas Lindeman, Ambassadeur du Royaume de Norvège au Mali, faisait aussi
partie de la délégation. Après avoir écouté les différents témoignages des
bénéficiaires, il a lancé un message aux populations du Mali : « Tout est
possible pour que la paix revienne dans ce beau pays. Je note que les
autorités, les femmes, les jeunes et tout le monde veulent la paix, rien que la
paix ». Pour que la paix devienne une réalité, Mme Mbaranga Gasarabwe est
d’avis qu’une « grande campagne de sensibilisation » soit menée sur
l’ensemble du territoire et que les communautés s’impliquent pour contribuer,
de manière efficace, au retour de la paix et la sécurité dans le pays. Elle a
poursuivi en soulignant que « toutefois, la volonté nationale est
essentielle de la part de tous les acteurs qui ont signé l’Accord de Paix ».
Visite
de courtoisie au Gouverneur de la Région de Gao par intérim
La
délégation s’était aussi entretenue le même jour avec le Gouverneur par intérim
de la Région de Gao, M. Boubacar Bagayoko qui était accompagné de ses
principaux conseillers. Plusieurs points relatifs à la situation sécuritaire
dans la région, mais également les défis liés aux processus de désarmement,
démobilisation et réinsertion/réintégration et à celui du cantonnement ont
aussi été abordés. Profitant de l’opportunité de la présence de la délégation,
le Gouverneur par intérim a lancé un appel aux mouvements signataires de
l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, en l’occurrence la CMA et la
Plateforme, afin qu’ils jouent pleinement leur rôle pour que le processus de
cantonnement commence. « C’est une étape importante qui aidera le pays à
sortir de cette crise » a-t-il conclu.
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