A la rencontre de Kel Tamacheq dans la commune de N’Tillit, Gao-Mali
Rencontrer des personnes de différentes parties du monde provenant souvent d'un passé culturel très différent du mien et dont les valeurs éthiques le sont aussi me donne une vision plus large de l'évolution spirituelle et de l'évolution humaine tout court.
Le jeudi 20 octobre 2016, j'ai eu l'opportunité d'échanger avec les habitants majoritairement de Kel Tamacheq de la commune de N'Tillit dans le Cercle de Gao, à plus de 120 km au Sud-Ouest de la ville de Gao. J'ai été renversé par leur réaction visant à améliorer la résilience de leur commune rurale, de leurs activités malgré la présence de différents groupes armés opérant dans leur zone.
Avec une population de 32 500 habitants, la commune de N’Tillit compte 21 fractions. Sa population est majoritairement composée de Kel Tamacheq, quelques peuls, arabes et sonhraï. L’élevage est la première activité dans la commune. L’agriculture y est aussi pratiquée suite à la présence de certaines mares. Plusieurs de ses habitants qui s’étaient réfugiés dans les pays voisins pendant la crise de 2012 sont rentrés au bercail. Sans aucune activité génératrice de revenu, les actes de banditisme armé, tels que le vol de bétail, les viols et autres actes criminels se sont multipliés.
M. Malick Ag Raïma, éleveur de son état, se réjouit de la
présence de forces internationales dans sa commune. « S’il n’y a pas de sécurité, les humanitaires
ne peuvent pas mener leurs activités, nos enfants ne peuvent pas aller à
l’école, et les activités économiques ont aussi reculé. C’est la souffrance qui s’installe » a
dit M. Malick.
Malgré la présence de mares temporaires telles que Marsi,
Doro, Doreye et Egfnarodj servant de zone de repli pour le cheptel pendant la
saison sèche, la commune de N’Tillit n’a qu’un château d’eau qui alimente à
peine la population en eau potable. Le manque
d’électricité empêche la population à développer certaines activités
économiques, mais aussi à satisfaire ses besoins vitaux, entre autres l’accès à
l’information à la suite de la destruction d’une seule radio communautaire qui
existait avant la crise de 2012.
La rentrée scolaire 2016-2017 reste hypothétique. Les enseignants pour la plupart habitant la
ville de Gao refusent de se présenter au lieu de travail à cause de
l’insécurité croissante. Mohamed Ag
Souleymane qui devrait commencer sa cinquième année primaire à l’Ecole
Fondamentale de N’Tillit s’impatiente.
« J’ai bien hâte d’aller à l’école » a-t-il dit en pointant
son doigt en direction de son école qui jusque-là est déserte.
« L’instabilité sécuritaire et les problèmes
économiques dans la commune de N’Tillit ont empêché le démarrage de
l’année-scolaire 2016-2017 » a regretté M. Abdoul Magi Ag Mohamed, adjoint
au Maire de ladite commune qui s’est ensuite interrogé, « quel avenir pour nos enfants s’ils ne
peuvent pas aller à l’école et pour combien de temps cette situation
continuera ? »
M. Malick Ag Raima demande aux forces internationales en présence
au Mali de tout mettre en œuvre pour que la paix devienne une réalité au Mali.
« Je souhaite vivement que la sécurité revienne très rapidement et
définitivement au Mali afin que nous puissions vivre dans la paix et la
tranquillité »
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