Gao - Le site de regroupement du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) attaqué


 
Le mercredi 18 janvier, je venais d’arriver dans mon bureau situé au Super Camp non loin du site de regroupement du MOC.  Il est 8.30 du matin. Après lecture de quelques messages électroniques, je m’apprêtais à planifier le reste de ma journée quand soudain une forte explosion se fait entendre dans le camp de la Mission onusienne situé non loin de l’aéroport de Gao. 

Au début, je croyais que c’était notre camp qui était attaqué par une roquette, comme d’ailleurs, c’est devenu bien une habitude où les installations des Nations Unies dans la région sont souvent des cibles des attaques terroristes.

Mon bureau était fortement secoué et j’ai entendu ma collègue de la même section, m’appelait et voulais savoir ce que je faisais encore dans mon bureau.  Je lui ai répondu que j’étais en train de mettre de l’ordre avant de rejoindre le bunker situé juste derrière notre lieu de travail.

Dès là, nous rencontrâmes beaucoup de collègues et personne n’avait encore la bonne information.  Ma collègue Odette et moi décidèrent d’aller voir le Chef de Bureau de la MINUSMA, M. Mohamed El-Amine Souef, pour en savoir plus sur ce qui venait de se passer.  Entretemps, les collègues de la sécurité voulaient bien nous maintenir dans le bunker.  Nous sommes partis à la recherche du Chef de Bureau que nous avons rencontré avec les éléments de la Police des Nations Unies et ceux de la sécurité.  C’est alors que nous étions informés que le site de regroupement du MOC venait de subir une attaque à la voiture piégée.

Visiblement les éléments de la sécurité ne souhaitaient pas laisser M. Souef aller au lieu où l’explosion venait de se produire, mais il lui manquait aussi la vraie information.  Un peu embarrassé, il commença à appeler certains membres du personnel de la Mission onusienne qui s’y étaient rendus quelques heures seulement après l’incident.

Il y a eu des morts et des blessés et la priorité était bien sûr l’évacuation des blessés vers l’Hôpital régional de Gao, mais aussi celui situé dans le camp militaire I Firhoun.  De ce fait, l’ambulance de la Mission devrait se rendre au lieu de l’incident.  Mes deux collègues de la section Odette et Seydou Yacouba prirent place à bord de l’ambulance qui se dirigea vers le site.  Situé à quelques 3 minutes du Super Camp, nous arrivâmes très vite au MOC.  Plusieurs véhicules de la Mission, mais aussi des [...] véhicules blindés de transport de troupes (VBTT) appartenant au contingent bangladais se trouvaient juste à l’entrée principale du site. 

Mon premier constat, les restes des corps humains déchiquetés par les éclats du véhicule que l’on pouvait voir à l’entrée même du site, mais aussi la grande porte d’entrée venait d’être forcée par un véhicule qui aurait un logo du MOC.  Pendant ce temps, plusieurs combattants des groupes armés, mais la majorité de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) se préparaient à une séance de sensibilisation.  Ils s’y trouvaient aussi quelques soldats des forces armées maliennes, mais aussi les combattants de la Plateforme.

La voiture piégée se fait exploser juste à côté d’eux.  Oui, il y a eu morts d’hommes, beaucoup et plusieurs blessés qui ont été immédiatement acheminés vers les hôpitaux les plus proches.

 
Nous pénétrâmes dans l’enclos… quelle désolation ! Plusieurs corps humains déchiquetés et sans vies continuaient encore de joncher la cour du site de regroupement.  Les éléments de la Direction de la Protection Civile étaient en train de travailler pour essayer de rassembler les restes des corps pour les mettre ensemble afin de connaître le nombre de victimes.  Les éléments du contingent bangladais soignaient quelques blessés légers des combattants touchés.

Le MOC vient d’être attaqué et c’est bien le processus de paix qui est mis en mal.  Après l’incident, les résidents de la ville de Gao, très choqués, ont pris d’assaut les environs du site de regroupement du MOC, et également l’hôpital régional de Gao pour en savoir plus sur leurs compatriotes tués et/ou blessés.   
 
 

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