La région de Gao: La MINUSMA initie l'Opération Euphoria-14 pour la sécurisation des personnes et de leurs biens

 

L’Opération Euphorbia-14 que mène la MINUSMA dans la commune de Tessit, Cercle d’Ansongo se poursuit sans relâche.  Elle vise à contribuer à la sécurisation des axes couvrant  Tessit, Lelehoy, Tassiga, Fafa en passant par Labezanga jusqu’à la frontière du Burkina et Niger.  Les contingents sénégalais, bangladais et nigérien de la Mission onusienne participent à cet exercice qui a débuté le 28 mars 2017. Hadama Diakité et Daniel Massamba Meboya du Bureau de la Communication et de l’Information Publique ont suivi le parcours, par route, de Casques bleus nigériens de la ville de Gao jusqu’à la commune de Tessit.

Avec une population estimée à 12 132 habitants, la commune rurale de Tessit a une superficie d'environ 6250 km2 et est limitée à l’Est par la commune de Ouatagouna et la République du Niger ; au Sud et au sud-ouest par la République du Niger et le Burkina Faso ; à l'Ouest par la commune de N'Tililt ; au nord par les communes du Bourra, d’Ansongo et de Bara. La zone est supposément être un refuge sûr des groupes armés qui empêchent la libre circulation des personnes et de leurs biens. Des actes de banditisme sur les routes, les braquages, les vols de véhicules et les violations des droits humains perpétrées de manière aléatoire posent le plus gros risque pour les populations locales.

Le dimanche 2 avril 2017 à 6 heures du matin au Super Camp de la MINUSMA à Gao, les Casques bleus du contingent nigérien se rassemblent autour de leur commandant et chef de mission, Major Issoufou Nayou pour un briefing avant leur départ pour Tessit qui est située à plus de 200 km de la ville de Gao.

 

 

A 6:25 du matin, le contingent nigérien quitte la ville de Gao en route pour la commune rurale de Tessit.  La route à parcourir sera longue.  Hadame Diakité et Daniel Massamba Meboya sont à bord d’un véhicule auto-blindé (VAB). Neuf Casques bleus ont aussi pris place à bord.  Ils échangent des blagues en leur patois et lisent en même temps leurs messages sur WhatsApp avant que le réseau Orange ou Malitel ne disparaisse plus le convoi s’éloigne de la ville. 

Après quelques minutes passées sur la route goudronnée qui mène vers Gossi, le convoi était obligé de prendre les pistes sablonneuses et sinueuses du désert.  Les conditions météorologiques sont difficiles et il fait une chaleur de plomb.  La poussière dans le VAB est au rendez-vous.  Vers le 08:10, le convoi s’arrête.  Un des VAB est tombé en panne, mais cela n’affecte en rien le moral des Casques bleus nigériens qui d’ailleurs sont habitués à affronter ce genre de situation.  « Le moral est bon » lance un des gardiens de la paix qui était assis juste à mes côtés.  Quinze minutes ont suffi pour régler le problème et le convoi pouvait continuer sa route.

Les Casques bleus de la Mission onusienne au Mali parcourent des kilomètres par route et par voie aérienne bravant des attaques asymétriques, notamment terroristes sur le champ de leurs opérations.  Il n’y a qu’une raison pour cela : assurer la protection de la population et leurs biens.

Le convoi arriva à Tin Gachrouin, un village situé à quelques 190 km de la ville de Gao. Un peu de fatigue et c’est l’endroit choisi ou nous devrons passer la nuit.  Les gardiens de la paix en profitent pour faire ́Asr (la prière de la fin de l’après-midi).  « La prière est une obligation spirituelle pour avoir la bénédiction d’Allah. Cela me motive à mieux faire mon travail » indique l’adjudant I. Boubacar.  Le repas du soir servi, nous installâmes nos lits de camp et passâmes une nuit paisible à la belle étoile.

 

 

Tôt le matin du lundi 3 avril, tout le monde est debout.  La prière est au rendez-vous suivie d’un petit déjeuner.  Pendant ce temps, le chef de la mission adjoint, Lieutenant Abdramane A. Ghany, consulte la carte géographique de la région.  « Il nous reste environ 30 kilomètres à parcourir avant d’arriver à notre destination finale » rassure-t-il en souriant.  Il fait beau temps en cette matinée quand le convoi reprend sa route.  Au cours d’une même journée, il n’est pas rare de passer de 35°C à 45°C entre le matin et l'après-midi.

Se frayer un passage dans le désert peut se montrer difficile et malgré la présence du système de navigation par satellite (GPS), les Casques bleus devraient, quelque fois, se renseigner auprès des villageois pour trouver la bonne piste.  Dompter le désert n’est pas du tout facile.  Après quelques moments d’atermoiement, nous retrouvâmes la piste et atteignîmes Ke Gloutain, une localité dont la majorité des habitants sont Tamasheq (Touareg).  Une aubaine pour les éléments nigériens d’interagir avec cette population pour la toute première.

 

 

Construire et renforcer la confiance avec les populations locales et obtenir leur collaboration en ce qui concerne le partage de l’information fait partie du travail quotidien des Casques bleus.  Tout au long de leur trajectoire menant vers Tessit, ils ne cessaient de s’arrêter et prendre attache avec les différentes couches de la société.

Le convoi arriva à Temera, une petite localité située le long du fleuve Niger à 10:10 du matin.  Un des VAB s’embourbe dans du sable. Heureusement que notre propre camion de récupération faisant partie du convoi a fait son travail pour retirer le véhicule coincé.  Nous arrivâmes à notre destination finale, Tessit, sain et sauf et à temps.  A 10:25, notre convoi est accueilli par le capitaine Karim Camara, commandant de la compagnie des Forces armées maliennes stationnées sur place.  La rencontre s’est déroulée au poste de contrôle de FAMa reliant Tessit à la frontière avec le Burkina et le Niger.  « Je salue votre arrivée ici chez nous.  Cela nous réconforte énormément.  Mon souhait est de pouvoir bénéficier de l’appui de la MINUSMA au moins une fois par mois »  déclare-t-il.

 

 

Le mardi 4 avril commence par une rencontre d’échange avec les autorités locales, et la société civile y compris les associations de femmes et de jeunes de la commune rurale de Tessit.  Le directeur de la seule radio communautaire Adouf et le commandant de FAMa ont aussi assisté à cette rencontre focalisée plus sur la dégradation de la situation sécuritaire, économique et sociale dans la zone.  Le chef de mission et commandant du contingent nigérien de la MINUSMA a saisi cette opportunité pour exhorter la population à être vigilante et à collaborer avec les FAMa surtout en ce qui concerne le partage de l’information.

 

 

Après cet échange jugé « fructueux et riche en information » par Mahamoud Ag Mohamed, président du Conseil communal de la jeunesse de Tessit, les Casques bleus se sont rendus au Centre de santé communautaire (CESCOM) faiblement équipé ou ils sont offert une assistance humanitaire en médicaments de première nécessité.  L’unité médicale du contingent nigérien a ensuite participé à des consultations médicales gratuites au profit des enfants et femmes de la place.  « La plupart des enfants souffrent du paludisme, de la fièvre typhoïde.  Nos remerciements à la MINUSMA pour cette donation de médicaments » a indiqué Assaguid Ag Ahnasnatt, directeur technique du CESCOM.
 

 

 

La radio Adouf, la seule dans la zone financée par Greek Corps/IESC et émettant en fréquence FM 98.4 MHz a été aussi visitée.  « Nous diffusons plusieurs émissions ayant trait à la sensibilisation sur le contenu de l’Accord de Paix, la santé et l’éducation » a dit son directeur, Mohamed Ag Belcou.  Et d’ajouter que « nous travaillons un émetteur de faible puissance (100 W) et cela ne nous permet pas d’arroser même notre commune rurale ».

 

Les gardiens de la paix ont aussi offert des ballons de foot aux enfants de Tessit « qui ne sont plus allés à l’école depuis plus de trois semaines à la suite d’une grève illimitée décrétée par le Syndicat des Enseignants au niveau national » a regretté Soumana Almidou, régisseur à la Mairie de Tessit.

 

 

Le mercredi 5 avril, une délégation de la MINUSMA venant de Gao et conduite par le représentant du Chef de Bureau, Christian Ouimet, était arrivée sur place à bord d’un hélicoptère pour rencontrer les différentes couches de la population, mais aussi se rendre compte de l’état d’avancement de l’Opération Euphorbia-14.  Les officiers en charge de la cellule Planification, des Operations et des activités civilo-militaires du Secteur-Est de la Mission onusienne étaient également présents dans la délégation.

M. Ibrahim Ag Effanfané, Maire de la commune, et son adjoint Abdoul Malick ont accueilli la délégation de la Mission onusienne dans leur salle de réunion.  Plusieurs notabilités de la place ainsi que les membres de la société civile y étaient aussi.   Parmi les sujets abordés figuraient, en particulier, la montée de la criminalité, le braquage, les vols de véhicules, la sècheresse, le manque d’emploi pour les jeunes, l’Accord de Paix, la Conférence d’Entente.  Le lieutenant-colonel Thomas Brucker qui représentait le Commandant du Secteur-Est, a expliqué à l’audience l’objectif de l’Opération Euphorbia-14 et ainsi que le résultat attendu de cet exercice qui se déroulera pendant deux semaines sur les grands axes de la commune.  Le Maire adjoint qui s’inquiète de l’insécurité grandissante dans sa zone est d’avis que « le démarrage du processus de DDR pourrait être un début de solution à cette problème ».  De son côté, le Maire a plaidé pour « une assistance financière destinée en priorité aux petits projets générateurs d’emploi en faveur de la jeunesse pour résoudre le problème de banditisme ».  Se prononçant sur l’opération que mène la MINUSMA dans sa zone, le Maire déclare : « C’est une initiative louable pour mettre fin à l’insécurité » et émet le vœu que « les FAMa puissent intensifier leurs patrouilles vers la frontière Burkina et Niger ».

La délégation a aussi visité le CESCOM, l’école franco-arabe, l’école fondamentale de Tessit, le marché publique et le quartier général des FAMa.  Et pour l’heure, Euphorbia-14 se poursuit sans relâche dans le Secteur-Est de la MINUSMA.

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