Les populations de Gao s'engagent dans la sauvegarde du patrimoine culturel de leur région avec l'aide de l'ONU


 
A Gao, le 14 décembre dernier, s’est tenu un atelier de renforcement des capacités dans le domaine de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels du Mali. Organisé à l’intention de plusieurs responsables d’associations œuvrant pour la protection du patrimoine culturel, cette session a eu lieu à la Maison des Jeunes de la cité des Askia.
Tous les participants à l’atelier organisé dans la Cité des Askia ont adhéré au vœu de M. Hervé HUOT-MARCHAND, le Chef du Bureau de l’UNESCO-Mali qui est, « d’aider à atténuer la destruction des sites archéologiques et de mieux contrôler le commerce illicite des trésors culturels ». C’est ce qu’il a déclaré lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier de renforcement des capacités à la lutte contre le trafic illicite de biens culturels du Mali, qui s’était tenu la vielle, 13 décembre à Bamako.
La région de Gao compte plusieurs sites archéologiques et monuments historiques, notamment le Tombeau des Askia, le site archéologique Gao-Sanèye, la Dune rose Hondo Koima, l’Ile de Gounzoureye, l’ancien village de Koukia, le site de la Mosquée de Kankou Moussa, les peintures rupestres de Sunfort, ou encore, le site de la bataille historique de Tondibi (1591). Quelques-uns de ces sites sont classés dans le patrimoine mondial de l’UNESCO, dont le Tombeau des Askia et le site  archéologique Gao-Sanèye pour la région de Gao.
Soumis à de graves pillages quasi systématiques, le site archéologique Gao-Sanèye a fait l’objet de discussions intenses lors de cette rencontre qui a été facilitée, entre autres, par M. Aldiouma Yattara expert-consultant et ancien Directeur du Musée du Sahel de Gao. Ce dernier a mené une étude commanditée par l’UNESCO en 2016 sur le pillage et le trafic illicite de biens culturels au Mali. « Pour la région de Gao, l’histoire du pillage des statuettes, des haches, des pointes de flèche, des perles et des figurines sur le site archéologique Gao-Sanèye, remonte aux années 70, » a lancé M. Mamadou Samaké, Chef de la Mission Culturelle de Gao. « Nous sommes profondément préoccupés par cette situation », ajoute-t-il.
 
 
La sensibilisation : un outil indispensable pour arrêter ce fléau
Face à la recrudescence du phénomène de trafic illicite de biens culturels, la sensibilisation des parties prenantes pour la protection du patrimoine culturel est l’une des recommandations formulées par M. Aldiouma Yattara dans son étude dont les résultats étaient validés au cours de l’atelier pilote sur le même thème organisé en février 2017 à Tombouctou.  Ce qui justifiait, d’ailleurs, une forte présence des médias dans la salle où s’est tenue la réunion. 
M. Kader Touré, directeur de la Radio Annia, s’est réjoui d’avoir suivi des débats animés qui ont fait suite aux exposés sur l’état des lieux du pillage et du trafic illicite de biens culturels au Mali de 2012 à nos jours, le cadre législatif et réglementaire de protection et de promotion du patrimoine culturel national, les résultats relatifs à l’étude sur le pillage et le trafic illicite de biens culturels au Mali, etc. « C’est avec beaucoup d’intérêt que je viens de participer à cette activité.  Nous, médias, avons un rôle très important à jouer dans la fourniture d'informations et l'éveil d'une prise de conscience de la population quant à la sauvegarde, reconstruction, réhabilitation, restauration et revitalisation de nos patrimoines endommagés, » a-t-il déclaré.
 
« La destruction du patrimoine est un crime de guerre et elle est devenue une tactique de guerre et de propagande pour affaiblir la détermination, inciter à la haine et à la vengeance… » a rappelé l’ancienne Directrice générale de l’UNESCO, Madame Irina Bokova, dans son discours d’ouverture au colloque sur les infractions liées aux biens culturels en janvier dernier à Strasbourg, en France.
M. Ousmane Touré qui milite pour la sauvegarde du patrimoine " Tombeau des Askia " depuis plusieurs années, ne cache pas son émotion et sa satisfaction suite à la condamnation, par la Cour pénale internationale, de l'ancien rebelle islamiste Amad al-Faqi al-Mahdi pour la destruction des mausolées de Tombouctou, survenue en 2012.
 
 
L’ancien Directeur du Musée du Sahel de Gao, M. Aldiouma Yattara qui a obtenu le prix culture de la paix offert par la Fondation Chirac en 2015, a lancé un message fort à la population de la région pour soutenir le travail de l’UNESCO visant à décourager le pillage et le trafic illicite de biens culturels du Mali. « La rencontre d’aujourd’hui est à point nommé pour sensibiliser, informer les populations de s’impliquer dans cette lutte » a-t-il dit avant d’ajouter que la « culture, c’est ce qui reste quand on a tout perdu ».
Les résolutions du Conseil de sécurité, la MINUSMA et son mandat
L’adoption des résolutions 2056, 2071, 2085 par le Conseil de sécurité des Nations Unies condamne fermement la destruction de sites culturels et religieux et exhorte toutes les parties à prendre les mesures appropriées pour assurer la protection des biens du patrimoine mondial au Mali. 
La résolution 2100 établit la MINUSMA, et inclut dans son mandat le soutien à la préservation des sites culturels, en collaboration avec l’UNESCO dont son Chef du Bureau à Bamako a tenu à remercier « sincèrement » tous les partenaires de ce programme de formation, notamment l’Union européenne pour son appui financier.  Il a aussi réitéré ses remerciements au Ministre de la Culture, à travers sa Direction nationale du Patrimoine culturel du Mali ; et à la MINUSMA pour leur implication sans faille et leur appui efficace à la sauvegarde du patrimoine du Mali, et à l’organisation dudit atelier.
 

 

 

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