L’autorité intérimaire installée dans la région de Gao

M. Djibril Boubeye Maiga est le nouveau président du Conseil régional de la région de Gao.  Il a été installé ce jeudi 2 mars 2017 par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation Mohamed Ag Erlaf en présence de l’ambassadeur de l’Algérie au Mali et représentant le chef de file de la Médiation, du représentant spécial adjoint de la MINUSMA, de l’ambassadrice de la France au Mali, du Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, du Haut représentant de la République, des représentants de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme.

« Bien d’embûches ont jalonné ce parcours, souvent à cause de l’incompréhension entre les différentes parties, mais nous nous engageons solennellement à œuvrer avec toutes les parties sans exclusion aucune pour les surmonter et les dépasser afin de réussir la remise en marche de tous les services sociaux de base, programmer et coordonner la mise en œuvre des actions de développement et de relance économique, culturel et social de la région de Gao » a indique le nouveau président du Conseil régional de Gao, Djibril Boubeye Maiga, juste après son installation qui s’est tenue dans la salle du siège du Conseil régional.

La région de Gao vient de mettre en place les membres de l’autorité intérimaire après Kidal et Ménaka.  Cette mise en place vise à garantir la continuité de l’administration de la collective décentralisée et celle de la fourniture de services aux populations. « Nous voulons vraiment qu’à partir de demain que nous comprenions que nous avons installé les autorités intérimaires et qu’une nouvelle phase est en train de s’ouvrir.  Nous n’avons plus de raisons de rester dans nos positions du passé que vous connaissez tous et sur lesquelles je ne veux plus revenir.  Nous devons vraiment commencer la mise en œuvre effective de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.  Nous comptons sur vous et nous ne voulons pas que cela soit une mise des autorités intérimaires comme un acte qu’on n’a seulement posé, mais nous voulons que cela soit une réalité sur le terrain » a indiqué Sidi Ibrahim Ould Sidati, représentant de la Coordination des Mouvements de l’Azawad présent à cette cérémonie.  Il était assis juste à côté de Me Harouna Toureh, porte-parole de la Plateforme.

Boualem Chebidi, ambassadeur de l’Algérie au Mali et représentant le chef de file de la Médiation, a félicité le nouveau président de l’autorité intérimaire et toute son équipe, et les encourage « à travailler d’arrache-pied pour rattraper le temps perdu dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger » qui prévoyait la mise en place, le cas échéant et au plus tard trois mois après la signature de l’Accord, des autorités chargées de l’administration des communes, cercles et régions du Nord durant la période intérimaire.  Il a aussi ajouté que « la communauté internationale à travers la Médiation est là pour vous accompagner et continuera à poursuivre son accompagnement jusqu’à ce que la paix et la réconciliation soient au rendez-vous ».

Le Gouverneur de la région de Gao, Seydou Traoré, qui a procédé à la lecture des décrets 2016-0781 à 0790/P-RM du 14 octobre 2016 relatifs à la nomination des membres des autorités intérimaires, des collèges transitoires et des conseillers spéciaux des régions de Tombouctou, Gao et Kidal, des collèges transitoires des régions de Taoudéni et de Ménaka ainsi que des conseillers spéciaux auprès du Représentant de l’Etat dans les régions de Tombouctou, Gao, Kidal, Taoudéni et Ménaka, s’est aussi réjoui de l’installation de l’autorité intérimaire dans sa région : « La cérémonie d’aujourd’hui est très importante.  Il est dans ce sens très symbolique que nous sommes en train d’avancer dans le processus de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger ».  Le représentant de la CMA est aussi d’avis que « le lancement de cette opération constitue le déclenchement effectif de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger ».

 

La confiance et l’esprit d’équipe sont des mots clés pour que le nouveau Conseil régional puisse réussir sa mission.  « La tâche qui vous attend est ardue, difficile, mais pour réussir il faut que le Conseil travaille comme une équipe.  Nous savons que vous venez du Gouvernement, de la CMA et de la Plateforme, mais désormais vous êtes le Conseil régional de Gao et que toutes les décisions devront être prises de manière consensuelle.  Que les membres aient à l’esprit qu’ils sont au service de la population de Gao. Et à la population, il faut les aider.  Ils ne réussiront pas sans votre appui » a souligné M. Pierre Buyoya, Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel.  Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation Mohamed Ag Erlaf a fait écho à ce même message et d’ajouter que « si vous ne les aidez pas, leur mission sera très difficile.  Mais si vous les aidez, vous verrez bien que ce passage est obligatoire mais salutaire pour la région de Gao.  Cela ouvrira le chemin de la paix, du développement et surtout de la réconciliation des esprits et de cœur ».

Les notables, les chefs traditionnels et religieux, les membres de la société civile, les médias, les représentantes des associations féminines et celles de la jeunesse ont aussi assisté à cet évènement.  « J’ai un sentiment de satisfaction parce qu’il y avait eu des problèmes au début ; problèmes qui étaient bien sûr le quota que les gens ont trouvé très minime en comparaison aux régions de Taoudéni, Tombouctou et  Ménaka.  Etant une de plus grandes régions du nord, Gao devrait avoir plus de conseillers.  Cela posait un problème à ce niveau.  Nous avons travaillé avec le Cadre des notables pour qu’il y ait des améliorations et avons fait des propositions dans le sens d’élargir le nombre de conseillers.  Ce ne sont que des propositions.  Maintenant tout ce qui nous réjouit, c’est d’avoir passé une étape de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger » a indiqué Aboubacrine Bohainata, ancien président du Conseil régional de la jeunesse de Gao.  Il a exhorté le nouveau Conseil « à prendre pleinement en compte des questions et préoccupation relatives aux femmes et aux jeunes ».

Mme Touré Koumba Maiga, présidente de la Plateforme des Femmes Leaders pour la Stabilisation Politique et Sécuritaire de la Région de Gao, s’est aussi dite satisfaite de l’installation de l’autorité intérimaire dans sa région : « J’ai accueilli l’installation du nouveau Conseil régional avec beaucoup de satisfaction.  Au départ, il y avait un manque de communication sur les autorités intérimaires, comme dans toute chose il faut commencer par l’information et la communication.  Et je pense qu’après, la bonne information a passé et les gens se sont mis d’accord sur le processus.  Aujourd’hui, l’installation du nouveau président et de ses membres s’est déroulée sans problème ».  Elle a aussi émis un vœu : « Notre souhait est que les membres du nouveau Conseil prennent attache avec la population et qu’ils composent avec elle pour que notre région connaisse un développement durable ».

La durée des pouvoirs d’une autorité intérimaire est de six (6) mois et lorsque les circonstances ne permettent pas le déroulement normal des consultations électorales, sa durée des pouvoirs peut être prorogée par décret pris en conseil des ministres, sans pouvoir excéder douze (12) mois.

Me Harouna Toureh, porte-parole de la Plateforme, a souhaité une bonne chance à la nouvelle équipe.