Gao - Halte au mariage précoce et forcé des jeunes filles !
Mme Augustine Nadjikouma, point focal au sein de la
Police onusienne/UNPOL, a animé le mardi 8 novembre 2016, une session destinée
à sensibiliser les étudiantes et étudiants aux effets négatifs du mariage
précoce et forcé des jeunes filles.
Malgré la grève de professeurs qui entre déjà dans sa
troisième semaine, les étudiants sont venus nombreux pour participer à cette
matinée qui s’est tenue au Centre de formation professionnel et d’assistance à
l’artisanat (CFP-AA) - Gao. Une discussion productive et franche s’en est
suivie au cours de laquelle, le Point Focal a abordé des sujets alors tabous
dans une salle pleine d’étudiants dont plusieurs étaient des femmes, comme la
question des relations sexuelles avant le mariage, la dénonciation des
violences sexuelles et du harcèlement, ou encore l’utilisation de préservatif
lors de rapports sexuels occasionnels, entre autres sujets.
« Le mariage précoce et forcé est une réalité dans la
plupart de familles dans notre région. Pour des motifs liés à la tradition et à
la coutume, ou pour des raisons financières, les parents nous forcent à nous
marier avec des personnes qui ne sont pas de notre choix » s’est lamentée Mlle
Touré Zeinabou Ibrahim, étudiante en première année – secrétariat de direction.
Au début, assez timides, les étudiantes avaient du mal à
exprimer leur point de vue sur la question. « Mon intervention en
mentionnant le mariage forcé comme une atteinte aux droits de l’homme,
puisqu’il viole le principe de liberté et d’autonomie des individus selon les
Nations Unies, a fini par changer leur attitude et elles n’ont pas hésité à
engager la conversation, » a déclaré le Point Focal de la Police des Nation
Unies.
Les étudiantes soulevèrent des inquiétudes concernant le
comportement de leurs parents, notamment « nos parents ne nous donnent pas
le temps de nous écouter, il n’est pas facile de parler ou d’échanger avec nos
parents, nos parents sont très liés aux traditions et coutumes, et que faire si
les parents t’obligent à épouser ton cousin ou même ton oncle ? » expliqua
l’une d’entre elle.
Abdoulaye Ibrahim, étudiant qui, lui-aussi suivait ce
débat avec beaucoup d’attention, n’y est pas allé par quatre chemins pour
dénoncer ce mal qui ronge la société. « Même moi qui vous parle, je sais que
le moment venu, mes parents chercherons une femme pour moi. Ce n’est pas normal
! ».
« Les pratiques traditionnelles de mariage précoce et
forcé constituent une préoccupation majeure pour nos étudiantes et nous le
savons. Malheureusement, elles ne viennent jamais nous poser directement le
problème »
a regretté M. Ousmane Adama, directeur du Centre avec un effectif de 589
étudiantes/étudiants.
M. Aliou A. Cissé, directeur des Etudes du Centre, à
souligner le fait que « nos sociétés sont tellement profondément enracinées
dans nos traditions socioculturelles qu’il conviendrait de lancer une campagne
de sensibilisation agressive pour changer nos attitudes, nos comportements et,
en définitif, nos valeurs. La tâche ne sera pas aisée ».
Pour conclure sa présentation, Mme Augustine Nadjikouma a
informé les étudiantes de l’existence des instruments juridiques et légaux
existants qui assurent leur protection de manière plus efficace. Elle les a
aussi invitées à dénoncer, auprès des autorités compétentes, toute personne qui
tenterait de leur imposer cette pratique trop répandue dans la région de Gao.
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