Première caravane de la paix dans la nouvelle région de Ménaka : la MINUSMA s’associe aux autorités régionales pour sa réussite
Le Gouverneur de la Région de Ménaka a organisé, du 23 au
25 novembre, la première caravane de la paix dans diverses parties de sa
région. Cette initiative a été massivement soutenue par l’ensemble de son
administration et la population. A la tête d’une forte délégation conduite par
son Chef de Bureau Régional de Gao qui s’est rendue à l’étape d’Andéramboukane,
la MINUSMA a apporté un appui matériel et financier pour assurer le succès de
cet évènement. Le Service de lutte anti-mines des Nations Unies, l’Office
international des migrations et l’opération française Barkhane, faisaient
également partie de la délégation.
Conduite par son Chef de bureau régional, M. Mohamed
El-Amine Souef, la délégation de la MINUSMA a quitté la Cité des Askia tôt le
matin par hélicoptère, pour se rendre dans la localité d’Andéramboukane (dans
la région de Ménaka). Le Commandant de l’opération française Barkhane se
trouvait aussi à bord. Le Gouverneur de la région, le Maire de la commune, les
Préfets et Sous-Préfets de différents cercles de la région, les notables et le
public étaient au site d’atterrissage pour accueillir les délégations.
Le cortège de véhicules et les cavaliers sur des chameaux
prirent la direction de la Mairie où s’étaient rassemblés la population, mais
aussi des caravaniers arrivés la veille, venant de la commune urbaine de Ménaka
après une escale à Anouzegrene, localité située à 30 km de la ville de Ménaka.
Après installation des membres, des différentes délégations, M. Ahamed Hamed Ag
Mohamed, maire de la commune, a pris la parole pour leur souhaiter la
bienvenue. « Je salue la population d’Anderamboukane pour cette forte
mobilisation » s’est-il réjoui. Il a aussi profité de cette opportunité pour
solliciter la construction et la remise en état d’infrastructures sociales et
économiques, allant des écoles aux centres de santé, en passant par les
adductions d’eau potable et à la protection de la mare d’Yowmatanah.
L’Honorable Badjan Ag Hamatou, Député à l’Assemblée
Nationale, a salué « la volonté et la détermination » de toutes les bonnes
volontés qui ne cessent selon lui d’œuvrer pour le rétablissement de la paix et
de la stabilité dans toute la région.
Le Gouverneur
Daouda Maiga s’est déclaré satisfait de l’accompagnement de la force Barkhane,
de la MINUSMA et des agences humanitaires. « Nous ne cesserons hier,
aujourd’hui et demain de remercier la MINUSMA pour leurs réalisations dans
notre région. C’est l’occasion pour nous également de féliciter une
mission d’OCHA qui est ici sur place pour leur persévérance et leur courage de
circuler dans notre région qui est toujours en proie à des tensions et à
l’insécurité. Malgré tout obstacle et contre toute probabilité, OCHA
continue à faire son travail. Nous en sommes très fiers ». Il a aussi
lancé un appel urgent aux partenaires de développement « afin d’aider la
localité à la construction de retenues d’eau et la protection des bergers pour
sauvegarder la grande mare d’Yowmatanah qui se vide peu à peu ».
Le Chef de Bureau
Régional de la MINUSMA, M. Mohamed El-Amine Souef, a fait une brève allocution
au cours de laquelle il a insisté sur la responsabilité de tout un chacun à
l’égard des questions de paix et de sécurité. « La sécurité est l’affaire de
tous. La sécurité, c’est l’information. Lorsque vous voyez l’ennemi, il faut
donner l’information pour qu’on puisse le traquer ».
M. Daniel
Bertrand, conseiller du Représentant spécial du Secrétaire Général, a travaillé
de concert avec le Gouverneur de la région pendant plusieurs semaines pour
l’organisation et la réussite de ce projet. « Nous sommes ici pour accompagner
la population dans son chemin vers la paix, la stabilité et le
développement. Il ne peut y avoir de développement sans sécurité et la
sécurité, c’est d’abord une affaire des maliens et des maliennes, » a-t-il
plaidé avant de souligner : « si la MINUSMA vient en renfort a Ménaka, c’est
pour aider les autorités maliennes, la population et les groupes armés à se
réconcilier et à développer un cadre de stabilité et de sécurité, sans lequel
nous ne pourrons pas contribuer au développement et sans lequel les agences
humanitaires, les ONG et les bailleurs de fonds ne pourront pas venir. La
MINUSMA n’est que l’avant-garde, car les agences humanitaires des Nations Unies
souhaitent venir non pas seulement dans la ville de Ménaka, mais également dans
les villes de la région et dans les provinces rurales afin de soulager les
populations et de contribuer à leur développement. Pour y arriver, il faut une
stabilisation et une sécurisation structurelle ».
M. Bertrand a
félicité le Gouverneur pour son action courageuse depuis sa nomination à la
tête de la région : « Je voudrais vous féliciter pour cette action que vous
menez en ce moment de visiter les populations qui je vois, sont
enthousiastes. Vous avez réussi avec l’ensemble des composantes de la
société, à mobiliser cette population. Vous êtes un homme très dynamique,
plein d’idées et de courage. Vous méritez d’être soutenu à la fois par la
communauté internationale, mais surtout et avant tout par la population et les
différentes composantes de la société malienne. Je vous souhaite, Monsieur le
Gouverneur, beaucoup de succès ».
L’opération
française Barkhane est présente dans les régions de Gao et Ménaka avec pour objectif
principal : lutter contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers dans le
Sahel. Son Commandant pour les deux régions était aussi à Anderamboukane
« parce que nous entretenons une relation assez nourrie avec le Gouverneur de
la région de Ménaka qui est volontariste et courageux dans tout ce qu’il
entreprend pour sa région. Il nous paraît nécessaire d’être présent ici pour le
soutenir et l’appuyer dans ses démarches » a déclaré l’Officier français.
Il a rappelé aux caravaniers le principal rôle de
Barkhane qui est : « de lutter contre les groupes terroristes qui ont fait
beaucoup de mal à ce pays, mais qui aujourd’hui continuent de le faire saigner.
Cela ne peut plus durer. La force Barkhane, et vous pouvez compter sur nous
là-dessus, luttera toujours avec la plus grande détermination contre ces
groupes et nous finirons par l’emporter. Mais nous ne l’emporterons pas seuls,
il y a évidemment les partenaires institutionnels, la communauté
internationale, le gouvernement malien et ses forces de sécurité, notamment les
FAMa. Il y a aussi les mouvements armés avec lesquels nous sommes prêts à
discuter en toute impartialité. Notre but n’est pas de prendre parti pour l’un
ou l’autre mouvement, mais de discuter et d’avancer vers la sécurité, la paix
et la prospérité ».
Mme Maiga Azahara Maiga, commerçante et mère de 6
enfants, a exprimé sa lassitude et sa colère face à cet état d’insécurité qui
n’a que trop duré, empêchant même ses enfants d’aller à l’école. « Les écoles
sont ici, mais les enseignants ne sont pas là. Très triste de voir mes enfants
passer des mois sans aller à l’école. Même notre seul centre de santé
communautaire manque de tout, notamment de personnel médical qualifié. Tout ce
que voulons, c’est la paix. Avec l’arrivée pour la toute première fois d’une
haute autorité de notre région après la crise de 2012, notre souhait est que
l’Etat puisse se redéployer rapidement chez nous et pour de bon ».
Durant leur séjour à Anderamboukane, les différentes
délégations sont allées constater la diminution du niveau d’eau de la mare
d’Yowmatanah, une situation très préoccupante pour les autorités régionales.
« La MINUSMA est notre principale partenaire
dans tout ce que nous faisons
»
Le bataillon du Niger de la Mission onusienne basé dans
la ville de Ménaka a parfaitement assuré la sécurité de toutes les délégations
ainsi que celle des caravaniers lors de leur passage dans la localité
d’Anderamboukane qui est limitée au nord par la commune d’Inékar, au sud par la
commune de Banibangou (Niger), à l’est par la commune d’Alata et à l’ouest par
la commune de Ménaka.
La caravane de la paix a débuté le jeudi 24 novembre dans
la commune urbaine de Ménaka, en présence de tous les Préfets et Sous-préfets
de différents cercles de la région, les élus, les représentants politiques des
groupes armés, les religieux, les organisations non-gouvernementales locales et
les associations de la jeunesse. Motorisée et constituée de véhicules et
motocycles, la caravane a sillonné les Cercles de Ménaka, d’Anderamboukane,
Inekar et Tidermène à la grande joie de la population qui s’était sentie
abandonnée et livrée à la merci des mouvements armés.
Un Gouverneur courageux avec un
agenda de paix à la tête d’une nouvelle région
Depuis sa nomination à la tête de la nouvelle région de Ménaka en janvier 2016, le gouverneur ne cesse de multiplier les initiatives visant à promouvoir la paix, la réconciliation et la stabilité dans sa région. Après avoir mis en place des patrouilles communes menées par les Forces de sécurité maliennes et certains mouvements armés basés dans sa région pour lutter contre l’insécurité sur toutes ses formes, il vient d’initier une caravane de la paix et de l’espoir. « Cela fait quelques cinq ans que l’Etat n’est plus dans certaines zones et les élus n’arrivaient plus à jouer pleinement leur rôle, les notables et les chefs de fraction également. Ils étaient tous remplacés par des mouvements armés et aujourd’hui, c’est un peu le retour vers cette population pour leur prouver que la normalisation est en cours et la construction de la nouvelle région a démarré » a souligné le Gouverneur.
Après la crise de 2012, la région n’a pas été épargnée et
était ainsi plongée dans un climat d'insécurité et de menace des mouvements
armés. A cela s’ajoute la destruction de toutes les infrastructures principales
qui empêchait le retour à la normale de l’administration. Ainsi pour contribuer
à la restauration de l’autorité de l’Etat dans cette région, la MINUSMA a
financé six projets à impact rapide de réhabilitation de bâtiments
administratifs et de la seule radio rurale de Ménaka. Le montant global pour l’ensemble
de ces réalisations est de près de 141.800.000 Frs CFA. « La MINUSMA est notre
principale partenaire dans tout ce que nous faisons » a reconnu M. Daouda
Maiga. « Ce n’est pas des fleurs que je lance à la Mission onusienne, mais
c’est une vérité et en même temps une réalité à Ménaka » a-t-il ajouté.
M. Frataye Ag Etaw, maire de la commune d’Alata dans le
cercle de Tidermène, a apporté son soutien à cette initiative de paix : « C’est
une initiative que nous saluons et soutenons tous, car elle vise à ramener la
paix dans notre région, et cela constitue notre objectif ultime. L’accent a été
mis notamment sur les activités de sensibilisation et de réconciliation pour
raffermir les liens entre les différentes ethnies ».
La Mission onusienne a contribué pleinement au succès de
cette première caravane de la paix en mettant à la disposition de ses
organisateurs une assistance financière et aussi du matériel de visibilité,
notamment les t-shirts, les casquettes et les banderoles. « J’accueille l’appui
de la MINUSMA avec beaucoup de plaisir et de joie » a dit M. Le Gouverneur qui
reconnaît le sérieux risque encouru par les caravaniers. « Quels que soient les
risques auxquels nous sommes exposés, nous sommes obligés d’aller à la
rencontre et à l’écoute de nos populations. Le retour de l’autorité de l’Etat
s’accompagne toujours de risques » a-t-il affirmé.
Les Forces de sécurité maliennes ensemble avec quelques
mouvements armés sécurisent les caravaniers qui sont issus de différentes
couches de la société. « Les zones ouest de Ménaka sont occupées par des
groupes armés fondamentalistes, notamment la zone d’Infourkaraitane. Cette
caravane est un évènement joyeux qui apporte un message de paix et d’espoir à
la population. Elle favorise les échanges directs entre la population et les
responsables que nous sommes sur les questions de paix et de sécurité, de
manière à pouvoir les renseigner sur l’état d’avancement de l’Accord pour la
paix et la réconciliation au Mali et sur les autorités intérimaires » a
renchérit M. Daouda Maiga.
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